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loups apprennent à leurs petits à attaquer des proies. Sauf qu’aucune observation réalisée par Jean-Marc Landry ne montre un tel comportement : les louveteaux ne sont jamais présents avec la meute lors d’attaques de troupeaux ! Par contre, les jeunes adultes s’y essaient fréquemment. Et même si ces tentatives sont rarement couronnées de succès, elles constituent un facteur de pression supplémentaire pour le troupeau et l’éleveur. Le comportement des diverses espèces entre elles pose aussi question. Des enre- gistrements montrent des loups se bala- dant au milieu de brebis (à moins d’un mètre) sans qu’elles ne manifestent un quelconque effroi, alors que dans d’autres cas, la panique s’installe dans le trou- peau. Quant aux chiens (qui écartent le danger dans 80% des cas), ils font front : des bagarres chiens-loups se produisent tantôt à la lisière du troupeau tantôt à plusieurs centaines de mètres. « Il faut étudier le fonctionnement de la meute, conclut Jean-Marc Landry. C’est ainsi que nous pourrons développer un véritable système pastoral protégé. » Manifestement, les comportements des loups sont encore mal connus et les recherches sur Canis lupus pas prêtes de s’arrêter. * cursus : www.campusarlon.uliege.be L’apport de la génétique Depuis quelques années, le Gecolab, le laboratoire de génétique de la conservation de l’ULiège fondé par Johan Michaux, directeur de recherches FNRS, s’est spécialisé dans une approche non invasive des analyses génétiques. Autrement dit, les échantillons d’ADN ne sont pas pré- levés directement sur les animaux (le plus souvent non disponibles) mais sur leurs traces : crottes, poils, salive laissée sur des proies, etc. Un travail réalisé surtout sur des mammifères en vue, par exemple, de mieux comprendre la résistance des espèces face aux changements climatiques, d’étudier l’impact de la fragmentation des habitats sur la survie à long terme d’espèces menacées, ou encore de rechercher les facteurs à l’origine du déséquilibre de cer- taines espèces. Une expérience qui a permis au Gecolab de remporter l’appel d’offres lancé par la Région wallonne en vue de devenir le laboratoire wallon de référence pour le loup. « Il existe, explique Johan Michaux, des marqueurs génétiques associés à l’ADN mitochondrial, organite qui produit l’énergie de la cellule. Cet ADN, différent de celui du noyau de la cellule, a l’avantage d’être transmis uniquement par la mère, ce qui en fait un marqueur très précieux pour établir une généalogie maternelle. » Ces marqueurs per- mettent ainsi non seulement de distinguer le loup du chien mais aussi de rattacher le loup examiné à sa lignée et donc de déterminer par exemple s’il vient de France ou d’Alle- magne. D’autres types de marqueurs (les microsatellites) sont éga- lement utilisés. Il s’agit de courtes séquences d’ADN répé- tées, disséminées partout dans le génome et qui permettent de mettre en place une véritable signature génétique, héré- ditaire, de chaque individu. Ils sont, par exemple, utilisés pour réaliser des tests de paternité. « Nous avons analysé avec ce type de marqueur sept échantillons prélevés dans les Fagnes cet été, souligne Johan Michaux . Cela nous a permis de préciser que l’ensemble de ces échantillons étaient associés à un seul individu de loup. Ces mêmes mar- queurs nous ont également permis d’avoir une autre belle surprise, puisqu’en analysant des échantillons de salive plus anciens et prélevés dans les environs de la Roche- en-Ardenne en 2016, nous avons découvert que l’un d’eux provenait également d’un loup. Autrement dit, c’est bien en Wallonie, dès 2016, que le loup a fait son retour chez nous, et non en Flandre cette année ! » Gecolab janvier-avril 2019 / 272 ULiège www.uliege.be/LQJ 34 univers cité

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