LQJ 273

Longtemps confinées au milieu de la parfumerie, les huiles essentielles sont aujourd’hui un domaine de recherche en plein essor. à Gembloux, les équipes de Marie-Laure Fauconnier et de Haïssam Jijakli s’intéressent à leur utili- sation dans l’agriculture. Avec notament l’ambition de conce- voir des pesticides naturels. DOSSIER HENRI DUPUIS L a Pr Marie-Laure Fauconnier, du laboratoire de chimie des molécules naturelles à Gembloux Agro- Bio Tech, le reconnaît sans peine : les huiles essen- tielles [lire encadré page suivante] n’ont pas bonne presse dans le milieu scientifique. « Au départ, explique-t-elle, elles ont surtout été utilisées en parfumerie de luxe, puis dans les cosmétiques et les parfums d’ambiance et enfin dans le secteur agro-alimentaire comme arômes ou pour remplacer des conservateurs. L’intérêt des laboratoires de recherche universitaires s’est manifesté plus récemment et est venu du secteur agronomique quand on s’est interrogé sur leur utilisation comme pesticide naturel. » Un intérêt qui est le bienvenu tant les connaissances fondamentales restent lacunaires en la matière. Grâce à son pôle agronomique, notamment les recherches des équipes de Marie-Laure Fauconnier et Haïssam Jijakli, l’ULiège a été pionnière dans ce secteur, ce qui lui permet aujourd’hui de participer à plusieurs programmes de recherche. Mais, quel que soit le domaine d’utilisation, comment déterminer si une plante, parmi toutes les espèces végé- tales existantes, va donner une huile intéressante ? « Nous nous tournons vers des plantes odoriférantes puisque nous cherchons des molécules volatiles, explique Marie- Laure Fauconnier. Ce sont les composés volatils qui vont être extraits lors de la distillation, le reste demeure dans le substrat. C’est la raison pour laquelle le processus est onéreux : on ne récupère qu’une très petite partie de la plante ; les rendements sont faibles, de l’ordre de 1 %, parfois moins, et la distillation dure parfois plusieurs jours. » Une “bonne” plante repérée, le distillateur n’est cependant pas au bout de ses peines. Car pour un chimiste, il y a plante…. et plante. Deux plantes identiques aux yeux d’un botaniste – elles portent donc le même nom – ne le sont pas nécessairement à ceux du chimiste qui distingue des chémotypes ou “races” chimiques. Il n’est pas possible de les différencier au point de vue de leur morphologie, mais elles vont produire des huiles essentielles dont la composition ne sera pas la même. Comme si cela ne suffisait pas, deux chémotypes iden- Essentielles, les huiles ? Laboratoire de chimie des molécules naturelles 24 mai-août 2019 / 273 ULiège www.uliege.be/LQJ mai-août 2019 / 273 ULiège www.uliege.be/LQJ 25 omni sciences omni sciences

RkJQdWJsaXNoZXIy MTk1ODY=