LQJ-274

Comment donner un avenir aux femmes et aux enfants victimes de violences sexuelles ? C’est autour de cette question centrale que le premier congrès de la Chaire internationale Mukwege rassem- blera – du 13 au 15 novembre à l’ULiège – des scientifiques de tous horizons ainsi que des ONG et associations actives sur le terrain. En présence du Pr Denis Mukwege, qui prendra la parole lors de la cérémonie d’ouverture, et en compagnie de Françoise Tulkens, professeure émérite de l’UCL, spécialiste du droit de l’en- fant et ancienne magistrate à la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg, qui inaugurera le congrès par une confé- rence sur “Les droits de l’enfant et la violence de la guerre”. Dossier sur les violences faites aux femmes et aux enfants. DOSSIER PATRICIA JANSSENS Reconstruire L e premier congrès de la Chaire internationale Mukwege sur “La violence faite aux femmes et aux filles dans les conflits”, créée à l’initiative de la Pr émérite Véronique de Keyser, se tiendra du 13 au 15 novembre prochains à l’université de Liège, en présence du Pr Denis Mukwege, directeur de l’hôpital de Panzi à Bukavu et prix Nobel de la Paix 2018. Dès qu’éclatent les conflits armés, les brutalités à l’égard des femmes et des jeunes filles s’exacerbent. « Depuis 1996, les guerres à répétition imposées aux populations congolaises, avec leur lot de violences sexuelles, ont fait du corps de la femme un champ de bataille inacceptable », dénonçait le Pr Denis Mukwege, vice-doyen de la faculté de Médecine de l’uni- versité évangélique de Bukavu en Afrique, lorsqu’il reçut à l’université de Liège les insignes de docteur honoris causa en septembre 2018. Et la barbarie n’a pas de limite : les viols sont aussi perpétrés sur de très jeunes enfants, voire des bébés de quelques mois. « Le viol est devenu une arme de guerre », affirme Denis Mukwege. Avec pour objectif d’anéantir les individus, de déchirer les familles, de déstruc- turer le maillage économique et social, de ruiner les villages. À l’hôpital de Panzi dans le Sud-Kivu en République démocra- tique du Congo, Denis Mukwege, gynécologue et obstétricien, accueille, opère et soigne les blessées. Son dévouement et son cri de détresse lancé à la communauté internationale ont suscité un immense élan d’aide. Grâce aux différents pro- jets subventionnés dans son hôpital (Victimes de violences sexuelles, Dorcas et la Cité de la Joie), le traitement médical et le suivi des très jeunes femmes victimes est assuré. Assez rapidement cependant, le Pr Mukwege a perçu la nécessité d’ajouter au traitement un accompagnement psychologique et juridique ainsi qu’une aide à la réinsertion socio-économique. C’est ainsi que s’est développée à Panzi une prise en charge holistique des victimes de violence sexuelle. En novembre 2013, le Dr Mukwege a sollicité l’ULiège pour un soutien au niveau de la psychologie clinique. Depuis lors, les psychologues de la faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l’éducation de l’ULiège et les médecins du CHU de Liège ont mis en place des programmes de coopération en faveur des “survivantes”, et le terme n’est pas usurpé. Aujourd’hui, la Chaire Mukwege, inaugurée en septembre 2018 et attachée au Centre d’expertise en psychotrauma- tismes et psychologie légale dirigé par la Pr Adélaïde Blavier, entend fédérer la recherche sur ce terrain des violences sexuelles. En jetant des ponts entre pays du Nord et du Sud, entre les multiples disciplines scientifiques, entre les universités et avec les ONG qui œuvrent à Panzi, la chaire a l’ambition de créer un réseau scientifique capable d’amélio- rer et de diffuser le modèle global de prise en charge de ces personnes traumatisées. C’est ce modèle qui sera au centre du congrès, à travers quatre aspects majeurs : la réponse médicale et chirurgicale, le soutien psychologique, la réinser- tion sociale et économique et la prise en charge juridique des femmes. Avec un focus particulier sur les enfants. L’URGENCE DES SOINS Le Pr Guy-Bernard Cadière, directeur du service de chirur- gie abdominale à l’hôpital Saint-Pierre (ULB) et collègue de Denis Mukwege (également professeur à l’ULB), orga- nise depuis 2012 des missions au Kivu avec son équipe. « Nous avons installé à Panzi cinq blocs opératoires dotés du matériel de laparoscopie, technique qui, grâce à une Cathleen de Kerchove (EPA) Cathleen de Kerchove (EPA) Premier congrès de la chaire internationale Mukwege Dr Denis Mukwege 10 septembre-décembre 2019 / 274 ULiège www.uliege.be/LQJ 11 à la une à la une

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