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Le Centre d’action laïque a 50 ans Selon Le Petit Robert, la laïcité est le “principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, l’État n’exerçant aucun pouvoir religieux et les Églises aucun pouvoir civil”. En dissociant ainsi ces deux pouvoirs, la laïcité garantit l’égalité de tous devant la loi et la liberté de chacun d’adhérer aux idées, aux convictions de son choix. En 1967, l’incendie meurtrier du grand magasin L’Innovation à Bruxelles révèle l’absence de représentation des familles laïques lors de la céré- monie œcuménique qui suivit le drame. « Ce fut l’événement fondateur du Centre d’action laïque (CAL) qui voit le jour le 29 mars 1969, dans le contexte d’après Pacte scolaire encore mal digéré par les laïques », note Édouard Delruelle, professeur de philosophie. D’emblée, le CAL s’érige en une famille “convictionnelle comme les autres”, revendique la neutra- lité de l’État et la liberté de conscience et s’illustre, par exemple, dans la défense du droit des femmes. Il représente le mouvement auprès des pouvoirs publics. En 1981, l’État reconnaît le CAL comme coordinateur de la laïcité belge francophone, ce qui procure à celui-ci, au même titre que les cultes reconnus, un financement pour ses missions*. C’est ainsi que naissent les Maisons de la laïcité et que des fonctions plus pérennes voient le jour. Depuis une petite dizaine d’années, s’il reste fidèle à ses origines libérales et conserve sa devise “Liberté, égalité, solidarité”, le CAL recentre son propos sur des valeurs à défendre : la démocratie, les droits de l’homme, la diversité culturelle (et, en corollaire, la lutte contre les idées d’extrême droite). « C’est un glissement significatif, observe le Pr Édouard Delruelle. Maintenant que la sécularisation de notre société est acquise, l’urgence est moins de combattre l’Église que de répondre à la montée du populisme en Europe (et en Belgique), aux inégalités sociales, au défi des migrations. » L’État laïque doit être démocratique, pluraliste, respectueux des droits humains. En cette année jubilaire, le CAL a souhaité célébrer son anniversaire à la Cité Miroir , réalisation emblématique de la laïcité au cœur de la Cité ardente, du 10 au 13 octobre prochains. L’occasion de dresser un bilan et surtout d’évoquer la complexité de notre époque. « Dans l’avenir, la voix du CAL devra interpeller les partis politiques à l’heure où la Sécurité sociale est menacée et potentiellement en dan- ger. J’imagine aussi que l’environnement s’imposera dans le débat : je ne vois pas le CAL passer à côté de ces sujets majeurs », soutient le Pr Delruelle, qui participera au débat intitulé “Trois dialogues pour des soli- darités renforcées”, le vendredi 11 octobre. * Édouard Delruelle relève que le budget annuel de 320 millions d’euros (pour l’ensemble de la Belgique, tous niveaux de pourvoir confondus) se répartit comme suit : 85% attribués à l’Église catholique, 8% au CAL, 2% à l’Église protestante et 2% à la religion musulmane. 50 ans du CAL Les 10, 11, 12 et 13 octobre, à la Cité Miroir, place Xavier Neujean, 4000 Liège. Rencontres, spectacles, concerts, exposition. * informations, programme détaillé et réservation sur 50ans.laicite.be Le corps du migrant Échoués sur le sol européen, ils et elles sont très nombreux ; on les voit et on ne les voit pas. “Réfugiés”, “migrants”, tous et toutes exilés, épuisés, avec ou sans gilet de sauvetage, les hommes et les femmes qui se trouvent devant les caméras sont pourtant contraints à l’anonymat. « Les représentations médiatiques réduisent le corps de l’exilé à une catégorie générique qui réi- fie en quelque sorte la personne », note Grégory Cormann, chercheur au département de philoso- phie . « À cause de leur nombre, ils deviennent une abstraction, une statistique, un flux. Récemment, en contrepoint des journaux télévisés et autres reportages sur le vif, des documentaires et des pièces de théâtre recentrent leurs propos sur des parcours migratoires individuels, ce qui ouvre une autre perspective, ce qui permet un autre regard », complète Jeremy Hamers, cher- cheur au sein du département médias, culture, communication. C’est le cas, notamment, de la pièce mise en scène par le NIMIS Groupe, Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu , dont le propos est de créer une fresque mettant en lumière les rouages politiques, économiques et culturels qui conduisent à la mort de milliers de migrants aux frontières de l’Union européenne. Au sein de l’université de Liège, le premier qua- drimestre sera placé sous le thème de l’exil social, politique ou climatique. Plusieurs activités sont prévues : un séminaire interfacultaire hebdoma- daire, une soirée à la librairie “Livre aux trésors” autour du livre de Roland De Bodt et Claude Fafchamps qui a été écrit à partir de la pièce du NIMIS Groupe, une conférence grand public, un atelier de mise en scène organisé par le TURLg, ainsi qu’une projection-débat aux Grignoux. En point d’orgue, le 27 novembre : un colloque international intitulé “Le corps du migrant : récits et présences” qui réunira des chercheurs de plu- sieurs disciplines (philosophie, études théâtrales et cinématographiques, sciences sociales, science politique, géographie) et des acteurs de terrain. « L’enjeu sera d’analyser les récits qui provoquent un “retour au corps” et rendent aux exilés une présence et une solidarité », précise Grégory Cormann . Les journées de cet événement se clô- tureront enfin par la représentation de la pièce du NIMIS Groupe, les 28 et 29 novembre, au Manège de l’ancienne caserne Fonck à Liège. Colloque “Le corps du migrant” Les 27, 28 et 29 novembre, à la Salle des professeurs, place du 20-Août 7, 4000 Liège. Organisé par Grégory Cormann et Jeremy Hamers (faculté de Philosophie et Lettres), avec notamment le concours du FNRS, de la faculté de Philosophie et Lettres, de l’UR Traverses, du Cedem et de l’Observatoire Hugo. * http://www.corpsmigrant.uliege.be/ Alice Piemme Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu r L’Arbre en héritage À l’initiative de la section Lettres de la Société libre de l’Émulation, Jean-Pierre Otte , à la fois peintre et écrivain, propose une soirée contée sur le thème de l’arbre, avec la lecture de quelques extraits de ses livres, notamment J’aurais voulu que l’on plantât un arbre le jour de ma nais- sance… Le jeudi 10 octobre à 18h30 au salon vert du Théâtre de Liège, place du 20-Août 16, 4000 Liège. * www.emulation-liege.be J.C. M. Rentrée de la MSH A l’invitation de la MSH, pour la rentrée 2019-2020, le Pr Pierre-Paul Zalio, pré- sident de l’école normale supérieure (ENS) Paris-Saclay, donnera une confé- rence intitulée “La culture par l’Univer- sité : oser l’enjeu”, l e vendredi 4 octobre à 17h30 au Théâtre de Liège, place du 20-Août 16, 4000 Liège. * www.msh.ulg.ac.be 22 septembre-décembre 2019 / 274 ULiège www.uliege.be/LQJ septembre-décembre 2019 / 274 ULiègewww .uliege.be/LQJ 23 univers cité univers cité

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