Conférence

Camille Lemonnier, le «Zola belge»

Déconstruction d’un poncif littéraire


Infos

Dates
30 avril 2019
Lieu
Palais des Académies
Rue Ducale, 1
1000 Bruxelles
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Horaires
De 17h à 19h
Prix
Accès libre et gratuit.

Une leçon du Collège Belgique par Frédéric SAENEN

La postérité, friande de raccourcis, s’attache souvent à figer un écrivain dans une périphrase censée le résumer : Rimbaud fut « l’homme aux semelles de vent », Gide « le contemporain capital », Flaubert « l’ermite de Croisset » et Céline celui « de Meudon »…

Mais ce réflexe typiquement français, que légitime un sentiment puissant d’identité et d’unicité littéraires, n’a pas cours de la même manière en Belgique, pays scindé dont on sait l’impossibilité à se créer une littérature nationale unitaire ainsi que la difficulté à imposer ses Lettres - en tout cas pour ce qui concerne leur versant francophone - face au tropisme parisien.
En Belgique, toute lecture de Camille Lemonnier fut d’emblée biaisée par le poncif qui l’identifiait, de son vivant même, à un « Zola belge », et qui lui est encore volontiers appliqué aujourd’hui.

Cette communication consistera tout d’abord à « tracer » la formule ab ovo, depuis sa première occurrence, puis de suivre sa fortune critique. Se posera ensuite la question de savoir comment Lemonnier l’assuma, et s’il s’accommoda de cette étiquette-piège, valorisante avant de s’avérer réductrice, pour servir sa propre notoriété. Il s’agira enfin d’en réévaluer la pertinence, en déterminant ce qui (sans doute) rapproche, et ce qui (strictement) distingue ces deux géants, sur les plans stylistique, narratif et idéologique. Car ce n’est que sur les ruines de ce stéréotype tenace que pourra se réaffirmer l’irréductible originalité du « Maréchal des Lettres ».

À propos du conférencier

Licencié en philologie romane (1995), Frédéric SAENEN travaille à l’ISLV dans le domaine du Français Langue Étrangère. Il enseigne aussi la Didactique de la culture contemporaine de France et de Belgique.

Mais il est aussi écrivain et critique littéraire.

Son œuvre a d'abord été poétique, de Seul tenant (1998) à Qui je fuis (2003), ses deux principaux recueils, marquent un passage progressif de la poésie pure vers l’écriture de l’oralité. L'œuvre de Céline – sur lequel il a réalisé son mémoire de licence – constitue indubitablement pour lui une source vive et nourrit sa réflexion sur le langage. Sa poésie recèle toujours une profondeur insoupçonnée derrière le ludisme de surface.

Frédéric Saenen a aussi développé une intense activité de critique. Il signe notamment des articles sur le blog du Carnet et les instants. Essayiste, il a publié en 2010 un Dictionnaire du pamphlet très remarqué chez l’éditeur In folio en Suisse, puis en 2015, chez le même éditeur, la monographie Pierre Drieu la Rochelle face à son œuvre où il propose de retourner aux fondamentaux pour décrypter l’œuvre littéraire de ce personnage controversé.

Il est enfin l’auteur de trois romans aux Éditions Weyrich : deux œuvres de fiction (La Danse de Pluton en 2011 et Stay behind  en 2014) et en 2017 un texte à caractère plus autobiographique, L’enfance unique, distingué par le Prix George-Garnir de l’Académie Royale de Belgique.

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Photo : Camille Lemonnier dans l'atelier de l'artiste - Fonds du Patrimoine Fondation Roi Baudouin - Wikimedia Commons

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