PISA 2018 : recul en lecture, mieux en mathématiques, stable en sciences


Dans Enseignement Recherche International

Le Service d’Analyse des Systèmes et des Pratiques d’enseignement (ASPe) de l’ULiège a analysé les données pour la Belgique francophone de l’enquête internationale PISA sur les compétences des élèves de 15 ans.

La Fédération Wallonie-Bruxelles a pris part au septième cycle de l’enquête PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves). Cette vaste enquête internationale, poursuivie en 2018 dans 79 pays ou systèmes éducatifs, évalue la compréhension en lecture, les mathématiques et les sciences, avec un focus particulier sur la lecture en 2018.

Les données relatives aux compétences des élèves belges francophones sont analysées par le Service d’Analyse des Systèmes et des Pratiques d’enseignement, dirigé par la Pr Dominique LAFONTAINE au sein de la Faculté de Psychologie, de Logopédie et des Sciences de l’Éducation de l’Université de Liège. Valérie QUITTRE, Anne MATOUL (coordinatrice de l’enquête), Geneviève HINDRYCKX et Sophie BRICTEUX ont accompagné la Pr Lafontaine dans l’étude réalisée sous l’égide de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les tâches d’évaluation pour PISA 2018 ont été conçues pour s’inscrire dans une vision de ce qu’est la lecture dans le monde d’aujourd’hui ; elles font une large part à la lecture digitale et à des capacités critiques telles que la recherche d’informations pertinentes sur la toile ou l’évaluation de la crédibilité des sources.

En Belgique francophone, 3 221 jeunes de 15 ans, issus de 107 établissements, ont pris part à l’évaluation. Ces élèves de 15 ans se répartissent dans différentes années et filières du secondaire. Ainsi, 52% des élèves sont à l’heure dans leur parcours (4e secondaire), 1 % sont avancés, les autres sont en 3e , voire fréquentent encore le 1er degré (10 % des élèves). Par rapport à 2015, la proportion d’élèves en retard et la proportion d’élèves fréquentant le 1er degré ont diminué respectivement de 4 % et de 3 %.

Recul en lecture, mieux en mathématiques, stable en sciences

En lecture, les résultats de 2018 sont en léger recul par rapport à ceux de 2015. Alors que les performances des élèves s’étaient sensiblement améliorées en 2009 et 2012, rejoignant la moyenne des pays de l’OCDE, une baisse assez sensible a été enregistrée en 2015, et la proportion d’élèves aux compétences élémentaires est repartie à la hausse. Ce tassement des performances se confirme en 2018. Avec un score de 481, la Fédération Wallonie-Bruxelles est en-dessous de la moyenne OCDE (487).

Comparativement, les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont de meilleures performances lorsqu’ils sont confrontés à des tâches d’évaluation de la lecture digitale, où ils doivent chercher ou comparer de l’information dans des sources multiples. Dans ce type de tâches, les jeunes Belges francophones font aussi bien que la moyenne de l’OCDE, alors que face à des tâches plus classiques (un texte unique suivi de questions), ils sont en-dessous de cette moyenne.

Les pratiques de lecture traditionnelles sont moins fréquentes qu’il y a dix ans et l’intérêt pour la lecture est en diminution. Il s’agit d’une tendance lourde, qui affecte les filles et les garçons, observée dans la majorité des pays de l’OCDE, et qui correspond aussi à un changement de pratiques : pour suivre l’actualité, les jeunes se tournent clairement vers les supports numériques plutôt que vers les magazines et les journaux dans leur version papier.

Les résultats en mathématiques (495) sont en légère augmentation et désormais supérieurs à ceux de la moyenne des pays de l’OCDE (489).

Les résultats en sciences (483) sont stables par rapport à ceux des cycles antérieurs et à la hauteur de la moyenne OCDE (485).

En matière d’inégalités liées à l’origine sociale, la Fédération Wallonie-Bruxelles se classe toujours parmi les systèmes éducatifs où ces inégalités sont les plus marquées, aux côtés de la Communauté flamande, de la France, de la Hongrie et du Luxembourg.

Enfin, l’écart entre les jeunes d’origine immigrée et les jeunes d’origine belge, à origine socioéconomique équivalente, est relativement faible ; il est moins marqué que dans les autres pays de l’OCDE. Si la Fédération Wallonie-Bruxelles se distingue par des inégalités sociales fortes, il semble donc qu’une inégalité spécifiquement liée à l’origine ethnique ou culturelle ne vient pas s’y surajouter.

Situation contrastée pour le climat scolaire et les environnements d’apprentissage

Un autre volet disponible dans l’enquête PISA 2018 concerne des indicateurs relatifs au climat scolaire et aux environnements d’apprentissage.

Les indicateurs relatifs au bien-être des élèves et au climat révèlent une situation plutôt favorable en Fédération Wallonie-Bruxelles. En revanche, des indicateurs relatifs aux environnements d’apprentissage se dégage un portrait plus contrasté.

  • En Fédération Wallonie-Bruxelles, 17 % des élèves déclarent avoir été victimes de comportements de harcèlement au moins quelques fois par mois. C’est 6 % de moins qu’en moyenne dans les pays de l’OCDE. Par rapport à 2015, on observe en Belgique francophone une légère diminution des pourcentages d’élèves se disant harcelés.
  • Le climat de discipline en classe est moins favorable en Fédération Wallonie-Bruxelles que dans les deux autres communautés belges. Les élèves déclarent plus souvent qu’ailleurs qu’il y a du bruit et de l’agitation en classe. En moyenne dans les pays de l’OCDE, le climat de discipline en classe s’est amélioré entre 2009 et 2018. Cette amélioration n’est pas observée en Belgique francophone.
  • Les élèves de 15 ans de la Fédération Wallonie-Bruxelles sèchent moins des cours isolés et des journées entières qu’en moyenne dans les pays de l’OCDE ; en revanche, ils arrivent plus souvent en retard.
  • Les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles décrivent leur enseignant.e de français comme faisant preuve d’enthousiasme pour la matière enseignée et d’un plaisir à enseigner en général.
  • Globalement, les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles se sentent soutenus par leurs enseignants. Ils sont plus nombreux que dans les deux autres communautés belges à déclarer par exemple que leur professeur les aide souvent dans leur apprentissage. En revanche, ils sont moins nombreux qu’en moyenne dans les pays de l’OCDE à déclarer recevoir personnellement des feedbacks de leur enseignant indiquant, par exemple, comment améliorer leurs résultats.
  • En Fédération Wallonie-Bruxelles, les chefs d’établissement sont nombreux à considérer que des comportements des enseignants comme le fait de ne pas répondre aux besoins individuels des élèves, l’absentéisme, la résistance au changement, la sévérité excessive ou le manque de préparation pour les cours entravent l’apprentissage des élèves. Parmi tous les pays de l’OCDE, seuls les Pays-Bas sont dans une situation plus défavorable.
  • Le climat et l’environnement scolaire tels que perçus par les élèves en Belgique francophone n’incitent ni à la coopération, ni à la compétition. Les indices moyens de coopération et de compétition sont les plus faibles de tous les pays de l’OCDE. Situation qui, selon la littérature, est peu favorable.
  • En Fédération Wallonie-Bruxelles, les élèves rapportent en moyenne un sentiment d’appartenance à leur école assez prononcé. Les réponses des élèves sont très stables par rapport à celles de 2015, alors que le sentiment d’appartenance à l’école s’est détérioré en moyenne dans les pays de l’OCDE.
  • L’implication des parents dans les activités de l’école est en Belgique francophone, comme d’ailleurs dans les deux autres communautés belges, plus faible qu’en moyenne dans les pays de l’OCDE.

Consulter tous les documents relatifs aux résultats PISA 2018 en Fédération Wallonie-Bruxelles

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