Interview

Les personnes âgées connaissent les mêmes types de violences sexuelles que les personnes plus jeunes


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Près de deux tiers de la population belge ont été victimes de violences sexuelles au cours de leur vie, selon une étude réalisée sur plus de 5000 personnes en Belgique, financée par Belspo (Politique scientifique fédérale) et coordonnée par l’UGent en collaboration avec l’ULiège et l'Institut National de Criminalistique et de Criminologie (INCC).

Rencontre avec Adina Inescu, chercheuse au sein de la Care ESPRIst de l’Université de Liège, qui a pris part à cette enquête de grande ampleur.

Comment cette étude a-t-elle été menée sur le terrain?

Nous avons étudié la population générale, de 16 à 69 ans, via un questionnaire en ligne. Pour la population des demandeurs de protection internationale (DPI) et pour les personnes âgées, des entretiens en face-à-face ont été réalisés par des enquêteurs spécifiquement formés pour cette enquête.

Quels sont les aspects pris plus spécifiquement en charge par l’équipe ESPRIst de l’ULiège?

L’équipe Études et Évaluations a été en charge de l’étude en Wallonie et à Bruxelles, sur les personnes de 70 ans et plus. Nous avons formé et suivi les enquêteurs tout au long de l’enquête.

Etes-vous surprise par le résultat général de l’étude? Vous y attendiez-vous? 

Les études antérieures réalisées au niveau international se sont focalisées soit sur la maltraitance des personnes âgées, soit sur les rapports policiers sur les violences sexuelles. Cette étude est la première en Belgique de son genre, et la première à inclure dans une étude sur les violences sexuelles, un échantillon de personnes âgées de 70 ans et plus. Comme il y a peu de personnes âgées qui déposent plainte à la police, nous nous attendions à ce que les chiffres soient plus élevés, mais pas à ce point-là.  

La situation des 70 ans et plus interpelle en effet. Quels types de violences sexuelles subissent-ils?

Les résultats de notre recherche montrent des taux de prévalence assez élevés pour la violence sexuelle durant toute la vie (4 personnes sur 10), pour les personnes âgées de 70 ans et plus. Concernant les 12 derniers mois, la prévalence est moins élevée (1 personne sur 12), mais pas inexistante comme la société pourrait l’imaginer. Parmi les stéréotypes âgistes, l’asexualité des personnes âgées occupe toujours une place importante. Notre étude montre que cette croyance est fausse, 31% des personnes âgées interrogées étant sexuellement actives au moment de l’étude. Que ça soit durant toute la vie ou dans les 12 derniers mois, les comportements sexuellement transgressifs les plus fréquemment signalés ont été les regards et les remarques sexuelles non désirées, ainsi que les baisers sans consentement. Néanmoins, les personnes âgées connaissent les mêmes types de violences sexuelles que les personnes plus jeunes, que ça soit des baisers non désirés, du harcèlement sexuel, ou le viol.

Que va-t-on faire maintenant de ces données? Quel est le devenir de cette enquête?

Nous avons travaillé sur des recommandations politiques. La sensibilisation de la population à la sexualité positive et au respect de l’intimité des personnes âgées, ainsi que la prévention sur la violence sexuelle semblent nécessaires. Les professionnels de la santé doivent être formés pour engager la discussion sur la vie sexuelle et les violences sexuelles avec les patients âgés. Les institutions travaillant avec les personnes âgées doivent avoir une politique de santé sexuelle et de prévention des violences sexuelles.

Étude UN-MENAMAIS: lire le communiqué de presse

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Adina Inescu

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