11 février : Journée des femmes et filles de science

Claudine Houbart

Faculté d'Architecture

Claudine Houbart est chargée de cours à la Faculté d’Architecture de l’Université de Liège. Diplômée en Architecture de l’Institut Supérieur d’Architecture Lambert Lombard et en histoire de l’art et archéologie de l’ULB , Claudine Houbart est titulaire d’un doctorat en Sciences de l’ingénieur (KU Leuven). Elle enseigne l'Histoire et la théorie du patrimoine et est chercheuse au sein de l’unité de recherches Art, Archéologie et Patrimoine (AAP).

Qu’évoque pour vous la Journée internationale des femmes et filles de science ? 

Elle évoque pour moi un rééquilibrage qui évolue de manière plus ou moins rapide selon les cultures et selon les disciplines. En ce qui me concerne, j’évolue dans un domaine où les femmes sont très bien représentées, que cela soit à la tête d’institutions scientifiques – la conservatrice des collections d’architecture du Getty Research Institute est une femme, Maristella Casciato – où j'ai la chance de me retrovuer pour le moment, ou parmi les académiques ou jeunes chercheurs et chercheuses. Je n’ai jamais perçu de discrimination à cet égard. Mais cette expérience n’est malheureusement pas généralisable à tous les domaines de recherche, ni à toutes les institutions. Il est donc très important de travailler à une sensibilisation très large et de partager nos expériences positives.

Chercheuse, chercheur, même parcours ? 

L’évolution de notre société dans le sens d’une remise en cause des stéréotypes de genre efface progressivement les différences entre ces parcours. Mais cela ne signifie pas que faire de la recherche soit un long fleuve tranquille pour tous ! La difficile conciliation entre vie familiale et recherche, l’un des facteurs qui rendait ce type de carrière extrêmement difficile pour les femmes, reste une réalité, certes aujourd’hui partagée, mais en même temps aggravée par la course à la productivité et les lourdeurs administratives. C’est pour cela que pouvoir se retirer durant quelques semaines est tellement précieux… mais rare.

Au sein de l’ULiège, quelles sont les autres chercheuses qui vous inspirent ou dont vous voudriez simplement citer le nom ?

Même si elle ne travaille pas à proprement parler au sein de l’ULiège, j’aimerais évoquer la philosophe française Chris Younès, à qui l’ULiège a remis les insignes de docteur honoris causa en 2020 sur proposition de notre faculté. Pour l’avoir plusieurs fois côtoyée lors de conférences, de jurys de projets d’architecture ou de jurys de thèse, je suis toujours émerveillée par la générosité bienveillante avec laquelle elle met son savoir au service des questionnements de chacun, étudiant, étudiante, collègue, jeune chercheur ou chercheuse. Même Jules Renard l’aurait admis, la modestie va bien aux grandes dames, aussi ! 

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Au moment de répondre à ces questions, j’ai la chance de me trouver à Los Angeles, pour un séjour de recherche au Getty Research Institute où je finalise la rédaction d’un ouvrage sur les origines de la politique de conservation intégrée, vue à travers les yeux de l’un de ses acteurs privilégiés, Raymond M. Lemaire, historien de l’Art belge. Dans les années 1960 et 1970, il fut l’un de ceux qui contribua, à l’échelle européenne, à la mise en place de mesures pour la réhabilitation de centres historiques qui, jusque-là, étaient souvent démolis sous couvert d’assainissement. La bibliothèque du Getty est, avec celle de l’ICCROM (Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels) à Rome, l’endroit où l’on trouve le plus de ressources pour contextualiser cette recherche, qui elle-même repose principalement sur un travail d’archives en Belgique.

Du point de vue professionnel, où vous voyez-vous dans 10 ans ?

J’ai eu un parcours particulier, ayant enchaîné plusieurs masters puis consacré plus de dix ans à une thèse de doctorat en parallèle avec un travail à temps plein (et trois enfants !). Je n’ai donc obtenu ma thèse de doctorat que très tard, alors que j’avais déjà 43 ans. J’ai ensuite rapidement été amenée à jouer le rôle de présidente de la Commission permanente facultaire à la recherche (CPFR) puis de vice-doyenne à la recherche de la Faculté d’architecture, ce qui m’a impliquée dans la gouvernance d’une faculté en construction. Mon mandat arrivant à échéance, j’aspire à pouvoir consacrer du temps à la concrétisation de projets de recherches que j’ai en tête depuis des années. Dans dix ans, j’aimerais pouvoir me dire que ces projets sont sur les rails et fédèrent le réseau que j’ai progressivement constitué.

Partager cette image