Les poissons expriment une forme de fièvre apparentée à celle de l’homme


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Les poissons expriment une forme de fièvre en réponse à une infection. Celle-ci peut leur sauver la vie. Elle est induite par la même molécule que celle qui déclenche de la fièvre chez l’homme, révèle une étude conduite par le Pr Alain Vanderplasschen du laboratoire d’Immunologie-Vaccinologie de l’ULiège.

Le laboratoire d’Immunologie-Vaccinologie de l’Université de Liège dirigé par le Pr Alain Vanderplasschen étudie depuis quelques années un virus, le cyprinid herpesvirus 3 ou CyHV-3, causant des ravages dans les élevages de carpes communes à l’échelle planétaire. Parmi les espèces de poisson produites en aquaculture, la carpe commune occupe la troisième place au niveau mondial avec une production annuelle de 4 à 5 millions de tonnes. Elle est un constituant essentiel dans l’alimentation de millions de personnes.

En étudiant l’infection de la carpe par le CyHV-3 dans le cadre du développement d’un vaccin, les chercheurs ont observé un comportement inattendu des poissons : les poissons se regroupaient à proximité du chauffage de leur aquarium comme s’ils tentaient de se réchauffer.  Ce comportement est connu chez les animaux à sang froid sous le nom de fièvre comportementale. Lorsqu’il est infecté, l’animal tente d’élever sa température en se déplaçant dans son environnement vers des lieux plus chauds que ceux où il réside habituellement.

Pour tester l’hypothèse que les carpes infectées par le CyHV-3 pourraient exprimer de la fièvre comportementale, le laboratoire de l’ULiège a construit des aquariums pourvus de plusieurs compartiments au sein desquels un gradient de température était établi. A l’aide de ce système, les chercheurs ont observé que les carpes non infectées choisissent de résider à la température de 24°C, alors que les carpes infectées se déplacent volontairement vers la température la plus élevée de 32°C ce qui a eu pour conséquence une guérison très rapide des poissons. A l’opposé, des poissons infectés maintenus à 24°C succombent tous à la maladie. Plus étonnant encore, les chercheurs ont identifié un mécanisme par lequel le virus retarde l’expression de cette fièvre comportementale et ont découvert que celle-ci est induite par la même molécule que celle qui déclenche la fièvre chez l’homme.

Les résultats de ces recherches sont publiés dans la prestigieuse revue scientifique Cell Host & Microbe. Ces résultats démontrent que la fièvre comportementale des animaux à sang froid et la fièvre des animaux à sang chaud (dont l’homme) reposent sur des molécules communes acquises il y a plus de 400 millions d’années. Ils illustrent aussi les bienfaits de la fièvre et révèlent un nouvel impact que les modifications de milieu (réchauffement climatique, modification des écosystèmes…) pourraient avoir sur les espèces animales.

Source

Conserved Fever Pathways across Vertebrates: A Herpesvirus Expressed Decoy TNF-a Receptor Delays Behavioral Fever in Fish, Cell Host & Microbe 21, 244–253, February 8, 2017 - Voir l'article

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Contact

Pr Alain Vanderplasschen, Immunologie-Vaccinologie, Faculté de Médecine vétérinaire, Université de Liège

+32 (0)4 366 42 64 / +32 (0) 486 45 13 53

A.vdplasschen@uliège.ac.be

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