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Les lymphocytes T γδ favorisent le cancer du col de l’utérus provoqué par les papillomavirus humains

Dans la revue PNAS


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Une étude menée conjointement par l’ULiège (GIGA) et l'ULB, publiée dans PNAS, montre qu’une population de cellules du système immunitaire peu connues, les cellules T γδ, pourrait avoir un effet important dans le cancer du col de l’utérus induit par les papillomavirus humains (HPV), la troisième cause de décès par cancer chez les femmes.

Les chercheurs du laboratoire d’Immunologie Cellulaire et Moléculaire du GIGA (sous la direction de Nathalie Jacobs) et du département de Pharmacothérapie et de Pharmacie Galénique de l'ULB (sous la direction de David Vermijlen) se sont penchés sur des lymphocytes T non conventionnels, des cellules exprimant un récepteur composé des chaines γ et δ, dans le cas spécifique du cancer du col de l’utérus induit par le papillomavirus humain (HPV).

Alors que ces cellules T γδ avaient démontré un effet protecteur dans de nombreux cancers, les chercheurs des 2 universités ont montré que ces cellules favorisent en revanche le développement des lésions induites par les oncoprotéines d'HPV chez la souris.

FIGURE HPV PR Jacobs

En effet, l’expression des oncoprotéines du virus HPV induit une infiltration de cellules T γδ produisant de l'interleukine 17 (IL-17A - une cytokine proangiogénique), ainsi qu’une diminution de la densité de la sous-population protectrices de lympocytes T γδ résidents. Les chercheurs ont voulu savoir si ces cellules produisant de l'IL-17 étaient présentes chez les femmes atteintes de cancer du col de l'utérus. Ils ont constaté que les lymphocytes T γδ IL-17A+ sont détectés uniquement lorsque les oncoprotéines sont fortement exprimées c-a-d dans les biopsies de cancers, mais pas dans des lésions cervicales moins avancées. Ces observations cliniques appuient la pertinence de leurs observations chez la souris.

En conclusion, les résultats obtenus montrent que les oncoprotéines virales peuvent induire une réorganisation des sous-populations T γδ, les faisant passer d’une fonction antitumorale à une fonction pro-tumorale dans cette tumeur viro-induite.

Pour mieux comprendre

Les lymphocytes sont des cellules du système immunitaire responsable de l’immunité spécifique présentes dans le sang (ils constituent 25% des globules blancs chez l’adulte) et dans les organes lymphoïdes (moelle osseuse, thymus, ganglions lymphatiques, rate, amygdales, etc). On distingue deux catégories de lymphocytes qui diffèrent par leur fonction. Les lymphocytes T, qui dépendent du thymus, sont responsables de l’immunité cellulaire. Après activation, ils peuvent tuer d’autres cellules vivantes et produire des facteurs qui jouent un rôle central dans la réponse immunitaire de l’organisme. Les lymphocytes B dépendent de la moelle osseuse et, en produisant les anticorps, assurent l’immunité humorale.

Contact

•    Nathalie JACOBS, Cellular and molecular immunology, Université de Liège (ULiège), Avenue de l'Hôpital, 3, 4000 Liège  I +32(0)43662420 I n.jacobs@uliege.be
•    David VERMIJLEN, Institute for Medical Immunology (IMI), Département de Pharmacothérapie et de Pharmacie Galénique, Université Libre de Bruxelles (ULB), 1050 Bruxelles I +32(0)26505295 I dvermijl@ulb.ac.be

Ou via les services de presse ULiège (04/366 52 11) / ULB (02/650 92 03)

Référence scientifique

Human papillomavirus oncoproteins induce a reorganization of epithelial-associated γδ T cells promoting tumor formation’, PNAS, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, Online Early Edition, 09/10/2017, 3 :00 PM US Eastern Time.

Dorien Van hedea b, Barbara Polese c, Chantal Humblet a, Anneke Wilharm d, Virginie Renoux a, Estelle Dortu e, Laurence de Leval f, Philippe Delvenne e, Christophe Desmet a, Fabrice Bureau a, David Vermijlen b,1 , Nathalie Jacobsa 1

a Giga-Research / Cellular and molecular immunology / University of Liège
b Department of Pharmacotherapy and Pharmaceutics - Institute for Medical Immunology, Université Libre de Bruxelles (ULB)
c Giga-Research/ Laboratory of immunoendocrinology / University of Liège
d Institute of Immunology (OE5240), Hannover Medical School,
e Giga-Research/Experimental Pathology / University of Liège
f Pathologie Clinique / Institut Universitaire de Pathologie, Lausanne

Ce travail résulte du sujet de thèse de doctorat de Dorien Van hede réalisée en co-tutelle ULiège (GIGA) et ULB.

Nathalie JACOBS UR GIGA

 

Nathalie Jacobs est Professeure de virologie et immunologie à l’Université de Liège depuis 2012. Elle est biologiste et a un doctorat en sciences de l'Université de Liège. Son doctorat en immunothérapie contre les tumeurs a été partiellement réalisé dans le laboratoire d'oncologie expérimentale de l'Instituto Nazionale dei Tumori à Milano. Elle a également travaillé pendant 2 ans (Wellcome Trust senior postdoc) sur la réponse immunitaire contre le virus de la vaccine dans le département Virologie de l'Imperial College de Londres. Elle obtient un poste de chercheur qualifié au frs-FNRS en 2006 et développe son groupe de recherche dans le laboratoire de pathologie expérimentale. Son groupe rejoint le   laboratoire d'immunologie cellulaire et moléculaire du GIGA en 2013. Ses recherches actuelles s’intéressent au rôle des lymphocytes innés dans la réponse immunitaire antivirale. 

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