Marie-Sophie Silan est doctorante sous mandat d'aspirant F.R.S.- FNRS à la Faculté de Droit, Sciences politiques et criminologie de l’Université de Liège. Diplômée en droit de l’ULiège, Marie-Sophie Silan est titulaire d’un master complémentaire en droit européen de l’Université de Maastricht. Ses recherches portent sur la condition juridique de la femme dans la principauté de Liège aux 16e et 17e siècles au sein de l'unité de recherches Cité de la Faculté de Droit.

Qu’évoque pour vous la Journée internationale des femmes et filles de science ?

La question de la représentativité des femmes scientifiques, notamment sur des sites de vulgarisation comme Wikipédia, me paraît tout à fait fondamentale. Il me semble que ce n’est qu’en leur donnant la même visibilité qu’aux hommes qu’on normalisera une bonne fois pour toutes leur présence dans ces professions, mais aussi qu’on convaincra les prochaines générations de femmes qu’elles ont elles aussi parfaitement leur place dans le monde scientifique, quelle que soit la matière.

Chercheuse-chercheur, même parcours ?

N’étant qu’en début de parcours, j’aurais du mal à répondre. Au sein du département de droit, j’ai le sentiment d’une égalité et plus généralement d’une bonne entente et certainement d’une belle synergie entre jeunes chercheurs et chercheuses.

Au sein de l’ULiège, quelles sont les autres chercheuses qui vous inspirent ou dont vous voudriez simplement citer le nom ? 

Je pense avant tout à l’ensemble de mes collègues assistantes et doctorantes, auprès desquelles j’ai toujours pu trouver de la collaboration et du soutien. Celles qui parmi elles exercent dans le monde judiciaire - où j’ai entendu dire que, malgré une féminisation croissante, il n’était pas toujours aisé d’être une femme - m’inspirent tout particulièrement. J’ai également beaucoup d’admiration pour les fondatrices du réseau FER (Femme, Enseignement, Recherche) ULiège, actuellement encore sous la direction de Claire Gavray. Leur engagement n’a pas failli depuis la création du réseau il y a vingt ans, malgré les réticences qu’une telle initiative a pu susciter, et peut encore susciter, auprès de certains. Non contentes d’être elles-mêmes parvenues à mener une carrière universitaire, elles continuent d’agir pour faire vivre l’organisation et intégrer, soutenir et encourager les plus jeunes chercheuses.  

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Je suis actuellement en deuxième année de thèse de doctorat au département de droit de l’Université de Liège. Mes recherches sont consacrées à la condition juridique des femmes mariées et des veuves au sein de la principauté de Liège pendant les Temps modernes, plus exactement aux 16e et 17e siècles. Concrètement, je passe beaucoup de temps au dépôt des Archives de l’Etat à Liège à lire des documents issus de la pratique juridique et judiciaire de la principauté, en particulier des contrats de mariage ainsi que des testaments rédigés par des femmes de l’époque. Ces documents permettent de nuancer le prescrit de la coutume liégeois qui plaçait les femmes sous la tutelle de leur mari, à qui elles devaient (en théorie) obéissance et respect absolus. On y croise des femmes qui agissent en justice pour avoir le droit d’épouser l’homme de leur choix ; des épouses capables de disposer de tout ou partie de leurs biens comme elles l’entendent, ou qui tiennent leur propre commerce ; ou encore des veuves fortunées et indépendantes qui administrent le patrimoine de leur mari avec clairvoyance et détermination. Comme toute recherche dans le champ de l’histoire des femmes et du genre, c’est passionnant parce que cela remet radicalement en cause nos idées préconçues sur les femmes du passé et nous pousse à questionner l’origine de ces stéréotypes.    

Du point de vue professionnel, où vous voyez-vous dans 10 ans ?

J’aimerais travailler pour une organisation gouvernementale ou non-gouvernementale oeuvrant pour l’égalité entre les femmes et les hommes, tout en conservant, si j’en ai l’opportunité, un lien avec le monde universitaire.

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