11 février : Journée des femmes et filles de science

Angélique Léonard


Angélique Léonard est Professeure ordinaire à la Faculté des Sciences appliquées de l’Université de Liège. Diplômée ingénieure chimiste, Angélique Léonard est titulaire d’un doctorat en Sciences appliquées (ULiège) sur le traitement, le séchage et la valorisation des boues d’épuration et a orienté ses recherches sur les procédés chimiques durables. Elle a été présidente du comité Femmes et Sciences de la Fédération Wallonie Bruxelles et est aujourd’hui directrice de l’unité de recherches Chemical Engineering.

Qu’évoque pour vous la Journée internationale des femmes et filles de science ?

J’ai découvert cette journée lors de mon implication dans le comité Femmes et Sciences, tout d’abord en tant que représentante de l’ULiège, ensuite en tant que présidente durant deux années. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de participer activement à l’organisation de deux journées thématiques successives. La première se focalisait sur l’attractivité des filières STEM (science, technology, engineering, and mathematics), et la seconde sur les enjeux du numérique et de l’intelligence artificielle, avec un focus sur les biais de genre. Vu ma formation d’ingénieure civile, caractérisée par des cohortes très déséquilibrées dans le ratio filles/garçons, je vois en cette journée une opportunité de mettre en lumière des actions visant à augmenter l’attractivité vers les STEM. Par ailleurs, c’est aussi une occasion de focaliser sur tout le travail qui est réalisé à divers niveaux pour favoriser l’équilibre homme/femme dans les carrières scientifiques … femmes et filles de sciences, depuis le choix des études jusqu’à des choix épanouissants et riches de sens dans des carrières scientifiques.

Chercheuse, chercheur, même parcours ?

Dans un monde idéal, cette question ne devrait même pas être soulevée … Dans le monde réel par contre, des parcours différents sont parfois constatés. La construction d’un CV scientifique passe notamment par des activités de publication et des séjours postdoctoraux. La naissance d’un ou plusieurs enfants - qui correspond généralement à cette période du doctorat ou postdoctorat - peut constituer un frein à la mobilité mais également ralentir le rythme des publications. Il reste parfois compliqué de faire valoir ces périodes d’activité scientifique au ralenti, pour des raisons plus que justifiées, lorsque des opportunités de candidature à des postes permanents s’ouvrent. La question de la formation de tout type de jury d’évaluation aux biais de genre est essentielle, depuis le recrutement jusqu’aux diverses étapes de promotion.

Au sein de l’ULiège, quelles sont les autres chercheuses qui vous inspirent ou dont vous voudriez simplement citer le nom ?

Je citerais Dominique Toye … c’est vers elle, assistante lorsque j’étais étudiante, que je me suis tournée pour prendre mes premiers renseignements quant à la réalisation d’une thèse de doctorat. Nos chemins ne se sont plus quittés, étant collègues depuis plus de vingt ans. Sa présence au sein du même quotidien m’est réellement précieuse. Je citerai ensuite la sociologue Claire Gavray et Annie Cornet, spécialiste en ressources humaines, deux collègues au profil très éloigné du mien mais qui m’ont appris à regarder le monde scientifique et académique au travers des lunettes du genre. J’ai appris (et apprend toujours) beaucoup de ces deux femmes et chercheuses passionnées et passionnantes. Je pense enfin à Aurore Degré, enseignante et chercheuse de conviction. Nous nous sommes retrouvées de nombreuses fois sur des projets de recherche mettant en commun des expertises venant de nos facultés respectives (Sciences appliquées et Gembloux Agro BioTech) mais également sur les projets d’enseignement, avec l’introduction d’une formation commune en développement durable dont elle a été le moteur. 

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Les recherches de mon groupe portent sur deux thèmes principaux : l’éco-conception et l’évaluation de l’empreinte environnementale d’une part et la gestion des boues d’épuration d’autre part. La première thématique est développée au travers de projets régionaux, européens ou encore de consultance pour des industriels. Il s’agit soit d’aider au développement de nouveaux produits en minimisant leur impact sur l’environnement (suivant une approche ‘cycle de vie’), soit d’établir le profil environnemental de produits existants en vue d’une communication au travers de ‘DEP – Déclaration Environnementale Produit’. Les domaines d’application actuels sont en lien avec le recyclage de produits de la construction, les matériaux cimentaires, les engrais phosphatés, … Niveau gestion des boues, deux doctorats se focalisent actuellement sur l’optimisation des opérations de déshydration/séchage et sur le développement d’un traitement à bas coût pour leur stabilisation via l’utilisation d’algues.

Du point de vue professionnel, où vous voyez-vous dans 10 ans ?

Dans 10 ans, je me vois tout simplement à ma place, au sein de mon Unité de Recherche, de ma faculté et de mon institution … en ayant tenté de contribuer à la fois à la diffusion des connaissances et bonnes pratiques en matière d’évaluation environnementale et de circularité et à une meilleure égalité/diversité au sein des carrières scientifiques.

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