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PISA 2022 : les résultats des élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles


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Les résultats internationaux 2022 du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA, Programme for International Student Assessment) ont été dévoilé le mardi 5 décembre 2023. C’est la Pr Ariane Baye et Isabelle Demonty, du Service d’analyse des Systèmes et des Pratiques d’enseignement de l’ULiège, qui sont en charge de l’enquête et de l’analyse des résultats pour la Belgique francophone.

En 2022, la Fédération Wallonie-Bruxelles a participé au 8e cycle de l’enquête PISA. Cette vaste enquête internationale (81 pays ou systèmes éducatifs participants) évalue la culture mathématique, la culture scientifique et la compréhension de l’écrit avec un focus particulier sur les mathématiques. En Belgique francophone, 2 913 jeunes de 15 ans issus de 103 établissements ont pris part à l’évaluation.

Ces élèves se répartissent dans différentes années et filières du secondaire. Ainsi, 61 % des élèves sont à l’heure dans leur parcours (4e secondaire), 2 % sont avancés, les autres sont en 3e (26 %), voire fréquentent encore le 1er degré (6 % des élèves). Aucun de ces élèves n’a encore bénéficié des mesures du Pacte pour un Enseignement d’Excellence, qui en 2022 ne concernait pas les élèves au-delà de la 2e primaire.

Résultats complets PISA 2022 pour la Fédération Wallonie-Bruxelles

Des performances impactées par la crise sanitaire

Cette évaluation a eu lieu au printemps 2022, après deux années de scolarisation perturbées par la crise sanitaire qui a impacté la scolarité de plus d’un milliard d’enfants et d’adolescents à travers le monde. Ce contexte rend ce cycle de PISA tout à fait particulier et doit être gardé en mémoire pour l’interprétation des résultats.

On peut épingler une baisse conséquente et inédite des résultats moyens des pays de l’OCDÉ en mathématiques entre 2018 et 2022 (moins 17 points) et une diminution bien moindre en sciences (moins 4 points) et en lecture (moins 11 points). La Fédération Wallonie-Bruxelles n’échappe pas à cette tendance, tout en obtenant dans les trois domaines des résultats comparables à la moyenne des pays de l’OCDÉ.

De faibles résultats en mathématiques

En Fédération Wallonie-Bruxelles, si les résultats de mathématiques étaient stables et à la hauteur de la moyenne internationale entre 2012 et 2018, la diminution de 21 points observée chez nous depuis la dernière évaluation de 2018 est comparable à celle observée pour l’OCDÉ. Cette baisse impacte autant les élèves les plus faibles (leur proportion augmente de 5 %) que les plus forts (parallèlement, leur proportion diminue de 5 %). Avec un score de 474, le résultat de la Fédération Wallonie-Bruxelles est donc à la hauteur de la moyenne OCDÉ (472), ses performances étant équivalentes à celles de pays comme l’Allemagne et la France.

Les sciences en diminution

Après une stabilité entre 2012 et 2018, les résultats en sciences (479 points) sont également en diminution (moins 6 points) depuis 2018, tout en n’étant pas statistiquement différents de la moyenne des pays de l’OCDÉ (485 points) pour cette édition 2022. Les proportions d’élèves forts et faibles restent stables.

La lecture en baisse également

En lecture, avec une moyenne de 474 points, on observe une diminution plus importante sur les dix dernières années (moins 23 points). Cette diminution est proche de celle observée dans les pays de l’OCDÉ qui participent depuis 2000 à l’enquête (moins 20 points), et est nettement inférieure à celle des deux autres Communautés.

Par rapport à 2018, la diminution observée en lecture (moins 7 points) est plus modérée que celle observée dans les pays de l’OCDÉ, ce qui situe la Fédération Wallonie-Bruxelles à la hauteur de la moyenne de ces pays (476). On observe une augmentation des élèves faibles (plus 3 %) et une stabilisation des élèves forts, ce qui aboutit à une dispersion plus importante des résultats.

L’impact de la crise sanitaire sur les écarts selon l’origine socioculturelle

En matière d’inégalités liées à l’origine sociale, la Fédération Wallonie-Bruxelles se classe toujours parmi les systèmes éducatifs où elles sont les plus marquées (aux côtés, par exemple de la France ou de la Suisse), et les écarts en mathématiques en fonction de l’origine sociale ont un peu augmenté par rapport à 2018.

On observe la même tendance pour l’écart entre les jeunes d’origine immigrée et les jeunes d’origine belge, à origine socio-économique équivalente.

Un climat scolaire préoccupant

Comme dans les autres cycles, des indicateurs relatifs au climat scolaire et aux environnements d’apprentissage peuvent être élaborés au départ des déclarations des élèves ou des chefs d’établissement.

On note par exemple qu’une majorité d’élèves (71 %) se sentent soutenus dans leurs apprentissages par les enseignants.

En revanche, comme déjà amorcé en 2018, le climat de travail continue de se dégrader : les élèves mentionnent plus souvent que dans d’autres pays du bruit et de l’agitation en classe. Les directeurs d’écoles rapportent quant à eux de grandes difficultés, notamment en lien avec la pénurie d’enseignants (39 % signalent d’importants problèmes d’effectifs).

Une anxiété et des conceptions peu favorables aux apprentissages

L’anxiété par rapport aux mathématiques reste très importante, particulièrement chez les filles. La situation s’est même dégradée depuis 2012.

La Fédération Wallonie-Bruxelles se singularise également sur la question de la conception de l’intelligence qu’ont les élèves. Les élèves de la Communauté française de Belgique sont les plus nombreux dans l’OCDÉ à penser que l’intelligence est un paramètre non modifiable. Or, des recherches ont montré que les élèves qui ont de telles conceptions évitent de s’engager dans des tâches difficiles, et attribuent leurs échecs à des causes externes sur lesquelles ils n’ont pas de prise. En Fédération Wallonie-Bruxelles, la « culture de la relégation » semble contribuer à façonner l’image qu’ont les élèves d’eux-mêmes, dans la mesure où cette conception fixiste de l’intelligence est largement partagée par les élèves du qualifiant. Dans les pays scandinaves et anglo-saxons, les élèves ont une conception bien plus évolutive du développement intellectuel.

Perspectives

Même si elle est liée à la crise sanitaire, la diminution des performances en mathématiques suggère d’intensifier le renforcement des compétences de base. Pour ce faire, plusieurs approches développées dans les nouveaux référentiels élaborés dans le cadre du Pacte pour un Enseignement d’Excellence sont pertinentes : mobiliser ses compétences pour résoudre des problèmes relevant de contextes variés, au cours de mathématiques ou dans d’autres disciplines, en utilisant si nécessaire les ressources offertes par les nouvelles technologies. En outre, une réflexion sur la manière de diminuer l’anxiété de certains élèves, en particulier les filles, et de donner davantage confiance aux élèves dans leurs capacités est devenue indispensable.

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